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Culture
29 mai 2017
Dessine-moi un festival !
Découverte des arts graphiques avec l’Ère de Rien

Comme chaque année depuis sa création, le festival de l’Ère de Rien mettait à l’honneur -outre la musique indépendante- la découverte graphique en invitant des maisons d’édition et illustrateurs émergents : ANNA Conzatti, BANDE De, Grante Ègle, TETRA éditions et Tartine Crou. Installés pour cette édition à ciel ouvert, en plein cœur du site rezéen, ces derniers avaient carte blanche pour présenter aux festivaliers leurs différents travaux. Démonstrations, ateliers participatifs, échanges... de quoi susciter la curiosité du grand public. Le Vlipp est parti à la rencontre de ces artistes singuliers.

Réalisé par : Élisabeth Carré, Matthieu Jageni-Sellier, Nina Chiron de la Casinière, Samuel Averty
Crédits photo : Saskia Chewane

Au plus proche des festivaliers

Fi du chapiteau et des emplacements d’exposition traditionnels ! Pour sa 6e édition, le festival a choisi de placer les stands d’arts graphiques au cœur du site pour davantage de visibilité et d’accessibilité. Situés stratégiquement à mi-chemin entre l’entrée et la scène des concerts, à proximité des sanitaires, les graphistes étaient ainsi l’étape incontournable du circuit des festivaliers.

« L’idée était de casser le côté intimidant que peut parfois avoir l’exposition » nous souffle Lucie Rivy, programmatrice graphique du festival. En effet, pour mettre davantage les artistes en lumière, le choix cette année a été de les extirper des précédents chapiteaux sombres. La scénographie a été pensée par l’équipe organisatrice pour faciliter l’accessibilité du public, par la construction de charrettes en tasseau de bois qui permettaient de déambuler tout autour des stands, et de rendre visible de près le travail des exposants.

 

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Démocratiser les arts-graphiques

Depuis ses débuts, l’Ere de rien détonne dans le milieu festivalier : implantation hors centre-ville, prix libre, organisation 100% bénévole... autant de singularités qui marquent les esprits et suscitent la curiosité de tous. Le projet du festival étant de faire découvrir des artistes de niche au grand public. Parallèlement à la programmation musicale pointue, c’est à la découverte graphique que l’Ere de rien laisse la part belle. L’intérêt de proposer une programmation graphique dans ce genre de festival est de sortir du circuit des salons de professionnels, en s’adressant à un public de non initiés. Pour cette sixième édition, Lucy Rivy a choisi d’axer sa programmation autour de cinq collectifs aux pratiques artistiques complémentaires : dessin, gravure, collage, fabrication de bijoux... les festivaliers pouvaient se promener au gré des pratiques respectives de chacun. Le but étant de valoriser la diversité des techniques artistiques alternatives, et de désacraliser des arts considérés parfois comme élitistes par le grand public.

 

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La maison d’édition Tetra est un bon exemple en matière de démocratisation de la gravure. Maison d’édition spécialisée dans l’impression traditionnelle et la gravure taille-douce pour BD et livre d’illustrations, l’intégralité de sa production est réalisée sur brique de lait Tetra Pak. Nettement moins coûteuse que le zinc et le cuivre, la brique Tetra Pak permet de proposer des livres artisanaux plus accessibles au niveau du prix. Au-delà de cet aspect financier, la maison d’édition montre également que la gravure peut être l’affaire de tous, en se pratiquant sur des objets aussi quotidiens que la brique de lait et une machine à pâtes (celle-ci servant d’imprimerie).

François Deschamps, fondateur de Tetra, revient sur sa démarche d’ouverture et de pédagogie auprès du public : 

 

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Un prétexte à la rencontre et à l’échange

Festival grand public et familial, l’Ere de rien tient par ailleurs à rester intimiste. Son site verdoyant et peu étendu favorise la rencontre et l’échange. La programmation graphique ne déroge pas à la règle. L’équipe organisatrice a pris soin d’optimiser les interactions entre public et artistes en proposant une scénographie propice aux échanges, et des ateliers participatifs. 

Et des échanges, il y en avait durant le festival : les Bruxelloises de Bande de proposait un photomaton, en plus de leur exposition ; Tetra éditions a opté pour des ateliers gravures sur emballages Tetra Pak, afin de vulgariser la méthode ; Grante Egle, qui édite artisanalement des livres d'artistes, a choisi de croiser sa discipline à celle de la musique en proposant en parallèle une sélection de disques musicaux, issus du label nantais Kythibong...

Difficile de rester indifférent à tant de propositions ! 

 

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A pas feutrés

L’illustratrice Anna Conzatti quant à elle a choisi l’immersion complète au sein du festival. Munie de son carnet noir et de ses crayons, elle se promène en solo au cœur du site pour dessiner ce qui se passe sur le vif. Un bon moyen de rencontrer les festivaliers, curieux de sa pratique.

ANNA Conzatti travaille au sein de l’atelier Manu-Manu mis en place par la Maison Fumetti, lieu nantais dédié à la BD et aux arts-graphiques. Parallèlement à la tranquilité de son atelier, l'artiste éprouve le besoin de saisir le mouvement en déambulant au dehors, carnet et crayon à la main, pour saisir des scènes de vie prises sur le vif. Durant le festival, ce sont les spectateurs, mais aussi les artistes et les organisateurs qui sont passés sous le coup de crayon d’Anna Conzatti. Pour elle en effet, le concert reste un lieu particulièrement propice aux portraits :

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To be continued

Pour l’an prochain, l’organisation du festival compte bien aller encore plus loin dans sa proposition graphique. Si le budget le permet, l’ambition est d’élargir la programmation à des artistes issus des quatre coins de la France, et aux pratiques encore plus variées. On prend note !

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